Le Quotidien de l'art

Nathan Chiche s'installe dans une école de Prouvé
Stéphanie Pioda, May 20, 2024

Nathan Chiche avait vu l'annonce sur Leboncoin ! La mairie de Vantoux (Moselle) lançait, il y a un an, un appel à projets pour redonner vie à l'école communale construite par Jean Prouvé en 1951 et en activité jusqu'en 2014. Elle pouvait trouver une nouvelle destinée après une restauration ambitieuse d'un montant de 620 000 euros mettant en valeur le savoir-faire des Métalliers Lorrains, qui ont nettoyé toutes les structures métalliques à la main. Inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 2001, l'école est composée d'une classe (réunissant plusieurs niveaux scolaires) et d'un atelier. Si la municipalité a conservé le précieux mobilier, le logement de l'instituteur qui trônait sur le terrain surplombant l'ensemble a été vendu à la galerie Seguin, ce qui a permis de financer une partie du coût de la restauration (subventionnée à 92 %). Parmi les différentes propositions reçues par la mairie (dont un projet hôtelier), c'est donc celle portée par Nathan Chiche qui a été retenue et qui renoue avec l'ADN de Prouvé. S'il loue l'espace à un prix largement en deçà du marché, comme le reconnaît Antoine Dorr, maire de Vantoux, l'ambition est de créer une galerie atypique qui concilie sa vocation commerciale et une dimension culturelle. « Nous envisageons de proposer des programmes éducatifs, en collaboration avec des écoles et des universités locales : visites guidées, ateliers d’art et conférences, détaille Nathan Chiche. Ce nouveau lieu dédié à l’art contemporain continuera de refléter l’esthétique industrielle de Prouvé à travers quatre expositions par an qui déclineront des thématiques en lien avec lui. Cette architecture est un atout, comme en témoigne le premier artiste invité, Jean Pierre Raynaud. « Il y a une fraîcheur, une rencontre, une nouvelle expérience que les musées ne peuvent plus m'apporter aujourd'hui », déclare-t-il. Pour l'exposition inaugurée le 16 mai, l'artiste a créé des œuvres qui déclinent l'image d'un crâne néolithique appartenant à la collection de l'artiste, reproduit sur des carreaux de céramique blanche, des « vestiges » de l'installation du pavillon français à la Biennale de Venise en 1993. « La préhistoire est l’amont de notre histoire tout comme l’enfance est notre amont », justifie-t-il. Le jeune galeriste de 24 ans (fils de Patricia Chicheportiche, de la galerie 208), passionné par la reliure et les livres anciens, ouvre également une librairie dans un bâtiment attenant, où seront présentés des ouvrages de bibliophilie, multiples et objets de design. Le directeur de la galerie – ouverte du jeudi au samedi – est Bernardo Di Battista, ancien du Centre Pompidou-Metz qui a dirigé de 2021 à 2024 la galerie Vis-à-Vis à Metz. L'idée est de créer une émulation avec les lieux culturels comme le Centre Pompidou (à moins de 10 km) qui « devrait devenir un hub culturel une fois que le musée parisien fermera ses portes pour travaux », prédit Nathan Chiche.

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