"Il n'est pas toujours nécessaire d'être sur un champ de bataille pour en sortir anéanti. J'étais complètement détruit à la fin de 28 mois de service militaire et j'ai passé près d'un an alité, ne voulant plus jamais me relever. Un jour toutefois, je suis descendu dans mon garage et j'ai découvert dans un coin des éléments de mon passé, quelques pots, un sac de ciment, un tuyau. Là, dans un geste très pulsionnel et incompréhensible, j'ai mis du ciment dans un pot, donc je l'ai bétonné, et puis je l'ai recouvert et barbouillé de peinture. Il y avait aussi à côté un pot de peinture rouge vermillon 521, que j'avais acheté au BHV. Ce sont des signes extrêmement précis. A ce moment-là, j'ai senti que j'étais en train de découvrir en moi quelque chose qui me libérait. Je peux dire je suis né ce jour là, finalement"
Né le 20 avril 1939 à Courbevoie en France.
Après une formation d’horticulteur, Jean-Pierre Raynaud devient artiste plasticien au début des années 1960. Proche des Nouveaux réalistes, il s’intéresse aux objets davantage dans leur potentiel psychique et intime et choisit des matériaux de rebut, ramassés dans les décharges de banlieue. Ses premières œuvres comportent les éléments obsessionnels du vocabulaire plastique de l’artiste : le sens interdit, les couleurs rouge et blanche ou le pot de fleur bétonné, peint en rouge et marqué du chiffre 3, qui deviendra son objet fétiche.